Article
French
ID: <
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Abstract
La guerre d’Algérie a longtemps été considérée comme une guerre sans images, du fait de la censure d’État et de l’autocensure des artistes. Pourtant, ces dernières années, des œuvres d’art émergent, longtemps conservées dans le secret des archives personnelles. Cet article suit le parcours carcéral d’un objecteur de conscience, membre de l’Action civique non-violente, qui a réussi, en détention, à dessiner sa vie quotidienne. Cet objecteur-artiste a connu de très nombreux lieux de détention : poursuivi et arrêté pour manifestation interdite, insoumission, refus d’obéissance et désertion, il a été détenu à onze reprises dans divers sites carcéraux (prisons, camps et casernes) en France. C’est un double voile qui se lève, sur des œuvres nées de la guerre comme sur les conditions de détention des objecteurs de conscience. En effet, en observant attentivement les œuvres de Didier Poiraud – montrées ici pour la première fois – et en les replaçant à chaque fois dans leur contexte de production, on perçoit mieux l’acharnement répressif et l’arbitraire de la détention qu’il a pu connaître, à l’instar d’autres objecteurs. Grâce à l’art, la résistance en prison est réinscrite dans une lutte qui a non seulement servi à contester la guerre d’Algérie mais qui a aussi permis de réformer le service militaire.