Sont ici présentées certaines conclusions d'une thèse appuyée pour une large part sur l'étude des archives fiscales et judiciaires de l'élection de Saint-Maixent entre 1640 et 1789. La Plaine de Niort et le bocage mellois constituaient alors le « Moyen-Poitou » protestant, ensemble agraire et sociologique original, surtout face à la Gâtine voisine, demeurée catholique. Le clergé régulier, la noblesse et essentiellement la bourgeoisie urbaine s'y partageaient les terres des métairies et borderies, laissant fort peu de place à la propriété paysanne. Les métayers ont vu cependant, au XVIIIe siècle, s'accroître leurs liquidités, grâce à l'exportation de leurs blés et des fameux mulets du Poitou. Tout un système d'échanges complexes et à longue distance a pu contribuer ainsi, avec la proximité de La Rochelle, à rendre le pays singulièrement réceptifs aux idées nouvelles. Le protestantisme local, à forte majorité paysanne, décimé par des Dragonnades dès 1681, a survécu cependant grâce aux assemblées du « Désert », assidûment suivies malgré une répression brutale et persistante. De là est sortie une nouvelle classe dirigeante, celle des cultivateurs aisés et des meuniers, futurs acquéreurs de Biens Nationaux, tandis que le protestantisme finalement triomphant se teintait de « philosophie », préparant ainsi l'adhésion massive et durable aux idées républicaines, en 1792. Benoist André. Vie paysanne et protestantisme en «Moyen-Poitou» du XVIe siècle à la Révolution. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 92, numéro 2, 1985. pp. 161-182.