Aujourd’hui, le phénomène de patrimonialisation des produits agro-alimentaires concerne des campagnes rêvées à forte identité, mais aussi des espaces apparemment « sans qualité », des espaces « en creux ». La patrimonialisation des produits de terroir passe par différents processus : par le biais de fêtes, de la mise en art, de la gastronomie, ainsi que par des modes de vente comme le marché… Ces processus à l’œuvre montrent que la relation au monde rural est complexe. En effet, la patrimonialisation des produits de terroir peut aussi bien être le fait d’acteurs ruraux que d’acteurs urbains, de politiques de territoire urbaines que rurales. Les produits de terroir apparaissent comme un dénominateur commun réunissant, au moins occasionnellement, anciens, nouveaux habitants, voire habitants temporaires de territoires qui se dessinent. Ce phénomène est analysé à partir de trois exemples pris dans la région Rhône-Alpes: la fête de la fourme et des Côtes du Forez et la stratégie d’affirmation d’une petite ville, Montbrison, comme capitale d’un pays, le Forez ; Bourg-en-Bresse et sa volaille, ou comment des produits de terroir peuvent contribuer à affirmer une urbanité ; enfin, l’analyse de la création d’une marque territoriale pour affirmer l’existence d’un espace « sans nom », situé à l’ombre de métropoles et la nécessité de protéger sa ruralité face au phénomène de résidentialisation.