Article
French
ID: <
10.4000/palimpsestes.1561>
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DOI: <
10.4000/palimpsestes.1561>
Abstract
L’auto-traduction n’est nullement un aspect marginal des œuvres de Nabokov ou de Beckett : elle en constitue une part essentielle, notamment au regard des libertés dont dispose un auteur se traduisant lui-même. On ne s’étonnera donc pas de voir Nabokov et Beckett poursuivre le travail de l’écriture au travers de la traduction : les clichés, partie intégrante de leur style, sont souvent soumis à toutes sortes de transformations créatrices, comme lorsque Beckett traduit “je n’ai rien contre les cimetières” par “I have no bone to pick with graveyards”, montrant ainsi comment le télescopage des clichés peut faire naitre une formulation neuve.Il ne faudrait cependant pas en conclure que la traduction proprement dite est, par contraste, nécessairement déficiente. Cest l’inverse qui est vrai : il suffit de voir dans la traduction du Ulysses de James Joyce les cliches se répondre avec bonheur d’une langue à l’autre pour se convaincre que traduction et auto-traduction relèvent en réalité d’un même domaine, celui de la poétique.