Article
French
ID: <
10.4000/ticetsociete.1073>
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DOI: <
10.4000/ticetsociete.1073>
Abstract
Comment se construit l’informatisation des administrations camerounaises depuis 1966 ? Quelles sont les rationalités locales qui gouvernent ce processus ? Comment se structurent les injonctions qu’il reçoit de l’extérieur ? Comment le Cameroun les combine-t-il à ses impératifs de développement ? Nous avons qualifié ce processus de politique publique. En nous appuyant sur l’exemple du Centre national de développement de l’informatique (CENADI), organisme censée la piloter, ce travail retrace la trajectoire singulière de cette politique : ses réussites, ses errances, ses défis. À cette fin, il s’adosse à l’analyse des politiques publiques, avec une attention particulière sur le rôle de l’État, à l’émergence de nouveaux acteurs, aux effets pervers de la privatisation de cette politique. En s’appuyant sur des enquêtes et des entretiens approfondis réalisés auprès du personnel du CENADI ainsi qu’auprès des acteurs privés du secteur de l’informatique, il avance l’idée que, dans son temps long, la politique d’informatisation du Cameroun a connu deux grands cycles avec des séquences internes prenant des configurations particulières. Le premier cycle dure toute la période du monolithisme où l’État pater familias est le grand ordonnancier de toute politique économique, culturelle et sociale. Il y met beaucoup de moyens sans qu’ils soient toujours suivis de résultats probants. Le second cycle commence avec le premier plan d’ajustement structurel de septembre 1988. L’État se désengage ou est presque mis hors jeu. La politique de l’informatisation est sous injonction des acteurs privés, des bailleurs de fonds et des organisations internationales.