Text
French
ID: <
10.7202/017665ar>
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DOI: <
10.7202/017665ar>
Abstract
Peut-on qualifier de « politique du risque » un dispositif d’action publique qui s’inspire de cette notion, mais ne s’en réclame jamais explicitement ? Le présent article soutient que la rhétorique du risque, issue des domaines environnementaux et bioéthiques, imprègne de façon croissante l’attitude des pouvoirs publics à l’égard des questions familiales. Tel est le cas de la procédure française d’agrément en vue d’adoption qui aborde l’homosexualité des candidats comme un danger potentiel pour l’enfant et pour la société. Nous formulons l’hypothèse que les travailleurs sociaux en charge de l’adoption dramatisent les enjeux de leur intervention pour mieux asseoir l’autorité de leurs décisions et, en conséquence, leur position institutionnelle. Mais le risque doit toujours rester inavoué : sa force performative réside dans la production de figures imaginaires à l’aune desquelles les candidats sont implicitement enjoints à s’identifier. Le risque constitue ainsi un instrument de la production biographique du « public » des politiques adoptives.