Text
French
ID: <
10.7202/037183ar>
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DOI: <
10.7202/037183ar>
Abstract
Problèmes de traduction du vernaculaire noir américain : le cas de The Adventures of Huckleberry Finn — Cet article propose une analyse du rôle dévolu au vernaculaire noir américain (VNA) par Mark Twain dans The Adventures of Huckleberry Finn et du traitement qui en a été fait par deux traducteurs français (Suzanne Nétillard, 1948/1973/1985, et André Bay, 1961/1990). L'auteure démontre que la transcription du VNA par Twain répond à deux « tendances esthético-cognitives divergentes » (Lane-Mercier). La première, « philologique », où Twain tente, sans vraiment y parvenir en raison de certains effets de clôture, de rendre compte du parler des personnes de race noire dans l'extratexte; la seconde, « artistique », où il cherche à subvertir, à travers sa représentation du VNA sur le plan scriptural, le discours socio-idéologique propre à sa société. En effet, le VNA assume plusieurs fonctions dans The Adventures of Huckleberry Finn: sur le plan esthétique, il crée, au début du roman, un effet de comique; sur le plan social, il identifie le locuteur à son milieu; et sur le plan idéologique, il exprime la position de l'auteur sur l'esclavage et la ségrégation. Or, la tradition française du bien-écrire étant très présente à l'esprit des traducteurs, ces derniers ont plus ou moins pu recréer graphiquement en français un langage caractérisant la voix noire tel que Twain l'avait fait en anglais. Partant, si le VNA n'est pas représenté formellement, toute l'idéologie sous-jacente à sa présence est du même coup atténuée, si ce n'est complètement perdue.