Thesis
French
ID: <
10670/1.0ryd0w>
Abstract
Cette thèse analyse le processus de stigmatisation des femmes passées par les prisons sénégalaises. Elle s’inscrit dans une démarche compréhensive et interactionniste pour tenter de comprendre à partir de l’expérience carcérale et post-carcérale des femmes, les continuités et ruptures relatives à leur biographie. L’analyse de leurs parcours longitudinaux par une enquête en détention et en dehors a permis de confirmer notre hypothèse selon laquelle tou.te.s les détenu.e.s sont stigmatisé.e.s mais les femmes le sont beaucoup plus à cause des attentes sociales et culturelles les concernant.L’enquête ethnographique, au sein des deux prisons de femmes et de deux maisons d’arrêt et de correction, a permis de lever le voile sur l’invisibilité des femmes dans ces institutions totales, héritées toutes de l’époque coloniale, conçues par et pour des hommes. Les femmes, « oubliées » du système carcéral, vivent dans un isolement total et une constante oisiveté (absence de formations réelles) qui nuisent à leur réinsertion sociale et économique. Ce manque d’accompagnement est aggravé par le poids du regard stigmatisant de la société.L’enquête quantitative sur les représentations sociales a démontré le regard différencié des sénégalais.es sur les détenu.e.s face à l’épreuve carcérale. Et la réalisation d’entretiens auprès d’une cinquantaine d’ex-détenues, en sus des détenues, a permis de dégager trois types de stigmatisation : la mortification antérieure, le dilemme moral et la honte. Cette typologie varie en fonction du rapport moral à l’infraction, des relations à la famille et du moment le plus fort de la stigmatisation. Si certaines femmes parviennent à retourner leur stigmate, souvent par l’exil, d’autres demeurent prisonnières de leur passé carcéral.