Les recherches effectuées à Chypre ont montré qu'à partir de la deuxième moitié du IIe s. de notre ère, la Cypriot sigillata, jusqu'alors, la vaisselle de table la plus fréquente, se raréfiait avant de disparaître rapidement. Il faut ensuite attendre la deuxième moitié du IVe s. et surtout le Ve s. pour qu’une nouvelle céramique fine chypriote à revêtement rouge soit produite en masse et largement diffusée dans le bassin méditerranéen. Il s'agit de la Cypriot red slip ware. La rareté des contextes chypriotes de la deuxième moitié du IIe et du IIIe s. a longtemps empêché de s'interroger sur le vaisselier en usage dans l'île à cette époque. Les fouilles françaises et chypriotes menées sur le site de Kition ont permis, au moins partiellement de pallier cette lacune. Ainsi, les contextes kitiens de cette période ont livré une production de céramique engobée dont le répertoire morphologique dérive clairement des Cypriot sigillata les plus populaires dans la première moitié du IIe s. et dont la diffusion semble locale. D'un point de vue technique, ce sont des céramiques cuites à présent en mode A. Elles diffèrent donc de la Cypriot sigillata traditionnelle dont le revêtement argileux grésé suppose une cuisson en mode C. Les analyses physico-chimiques suggèrent, en outre, qu'il s'agirait d'une production locale.La cause la plus plausible de ce déclin, mais qui n’est certainement pas unique, est une diminution des débouchés commerciaux, comme l'a montré M. Picon pour les productions occidentales. Ils seraient, en effet, devenus insuffisants pour justifier une production en masse de céramiques enduites d’un vernis rouge dont le coût de production ne peut être rentabilisé que par l’assurance de pouvoir écouler une grande quantité de marchandises. Les potiers kitiens produisent alors, pour un marché local, des récipients qui imitent par leurs formes et leur aspect la Cypriot sigillata qui était très populaire au cours de la première moitié du IIe s.