Entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle l’image de l’Oisans qui symbolisait la haute-montagne, s’oriente vers celle du ski de descente dans le contexte du développement des loisirs de masse et de la construction des stations de sports d’hiver, considérées alors comme seul levier économique en capacité de secourir les zones de montagne sinistrées. Ces stations examinées comme un espace social voient se structurer un métier, celui des moniteurs de ski. À travers l’étude des moniteurs de l’École du ski français des Deux Alpes des années 1980 à nos jours, notre propos vise à comprendre les processus de territorialisation, c'est-à-dire la façon dont les moniteurs de ski, par un usage spécifique de l’espace, construisent et transforment le territoire, au regard de leur culture professionnelle et de leurs caractéristiques sociologiques. La culture professionnelle, lisible à travers une identité, des valeurs et une histoire communes, se trouve dans les années 1980 confrontée à l’émergence d’une contre-culture privilégiant l’hédonisme à l’ascétisme. Ce phénomène d’innovation pousse les professionnels à s’adapter, voire à les insuffler. À ce titre, le cas du snowboard et des innovations liées, au sein de l’École du ski français des Deux Alpes est exemplaire. Les dimensions culturelles et sociologiques du métier de moniteur de ski impactent les processus de territorialisation. Si les facteurs sociaux tendent à prouver la précarisation de la profession, les moniteurs de ski, en contribuant à faire partager leur passion de la montagne imprègnent encore aujourd’hui l’imaginaire collectif et restent l’un des emblèmes des territoires de sports d’hiver.