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Thesis

French

ID: <

10670/1.4kxfy7

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Where these data come from
Parentalité du point de vue de mères innues et sécurisation culturelle en protection de la jeunesse : nin, nishutshisshiun, nitinniun mak nitauassimat

Abstract

Au Canada, 52,2 % des enfants placés en foyers d’accueil sont autochtones, alors qu’ils ne comptent que pour 7,7 % de l’ensemble des enfants au pays (Statistiques Canada, 2016). En comparaison de leurs homologues allochtones, les mères autochtones sont plus souvent signalées en protection de la jeunesse (PJ) et tenues responsables de négligence à l’égard de leurs enfants (ÉCI – 2008 ; Sinha, Ellenbogen, and Trocmé, 2013). Les politiques coloniales, la violence institutionnalisée, les conditions socioéconomiques précaires et les difficultés parentales expliquent une part de ces constats (CVRC, 2015 ; Sinha, Trocmé, Fallon et al., 2011). D’autres études suggèrent que les incompréhensions entre les mères autochtones et l’institution de la PJ non seulement perdurent, mais tendent également à s’accentuer (Cull, 2006 ; Gosselin, 2006 ; Veenstra et Keenan, 2017). Malgré ces écarts de perspectives de part et d’autre quant aux valeurs et repères culturels qui fondent la parentalité autochtone, peu d’études qualitatives ont cherché à entendre la voix des actrices concernées afin d’éclairer leurs points de vue et de mieux comprendre leur expérience en contexte de PJ (Bennett, 2009 ; MacDonald, 2002 ; Soumagnas, 2015). Pour combler ces lacunes, la présente étude a pour objectif d’appréhender les fondements qui balisent la parentalité des mères autochtones recevant des services de la PJ et d’explorer de quelle manière leurs savoirs sont reconnus ou valorisés au contact de l’intervention. La présente recherche privilégie un cadre d’analyse constructiviste et mobilise la théorie de Berger et Luckmann (2018) et la théorie de l’action historique de Martin (2003a ; 2009). Ces théories permettent d’appréhender l’expérience des participantes à partir de leur point de vue et de leur propre construction sociale de la réalité. La mise en œuvre de la recherche s’inscrit dans une approche narrative et une méthodologie inductive et interprétative qui met en lumière l’expérience singulière et subjective des participantes. Une collecte de données a été réalisée à l’automne 2016 auprès de neuf mères innues issues d’une même communauté et dont au moins un enfant a fait l’objet de mesures de protection. Des entretiens individuels semi-directifs de type récits de vie ont été recueillis. À l’automne suivant (2017), une seconde phase de collecte de données a pris la forme d’un terrain de restitution et une validation des récits a été réalisée auprès des participantes. Fondé sur des analyses compréhensives (Kaufmann, 2004), le principal constat de l’étude établit la volonté des mères que leurs trajectoires d’adversité, leurs réalités parentales, et leurs manières singulières de concevoir leurs valeurs, leurs rôles et leurs responsabilités de parent, soient davantage pris en compte par les services en PJ. Selon les résultats de l’étude, cette reconnaissance permettrait de prioriser les liens mère – enfant – réseau familial et de garantir la sécurisation culturelle au sein de services qui correspondent mieux aux besoins des mères. En écho aux Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (CVRC, 2015), au rapport final de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (CERP, 2019), et au plan de réforme législatif des services en enfance-famille autochtone, les retombées de cette étude visent à donner la parole aux mères, à fournir un éclairage sur la manière de « soutenir un système innu autonome de protection des enfants » (Guay, Grammond et Vollant, 2019 : 1) et à aiguiller les travailleurs sociaux en communauté.

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