Thesis
French
ID: <
10670/1.53k3cu>
Abstract
Nous examinons les spécificités poétiques et éthiques de l'écriture contemporaine de l'enfance dans huit romans de Martin Amis, A.S. Byatt, Ian McEwan, Kazuo Ishiguro et Doris Lessing, mesurant son évolution depuis les origines romantiques de l'enfant littéraire. L'approche choisie combine la précision textuelle de la narratologie, le souci éthique des cultural studies, et l'apport conceptuel de la théorie critique (Barthes, Deleuze, Derrida, et Levinas) sur le signe, l'éthique, et la représentation du corps, afin de mettre au jour l'aliénation poétique et sémiotique subie par l'enfant. En adaptant la méthodologie des études de genre, féministes et postcoloniales à la figure de l'enfant, on s'aperçoit que celui-ci a longtemps été construit comme un signe surdéterminé jusqu'au non-sens, les mécanismes du désir adulte mettant en péril sa constitution en sujet, et conditionnant la poétique des œuvres qui l'accueillent. La notion de trace (chez Derrida et Ricœur) est décisive pour conceptualiser ces formes de kidnapping poétique ; complétée par une analyse narratologique de la parole de l'enfant, des choix de focalisation et de genre de ces romans, elle souligne la nature toujours déjà faussée de l'écriture de l'enfant. Cette étude cartographie également le « sauvetage » paradoxal orchestré par le roman postmoderne à l'endroit de l'enfant-signe, souvent inversé en une visibilité ob-scène du corps, sôma paraissant seul pouvoir contrer sèma. La figure de l'enfant-poète rappelle quant à elle le poids pérenne des mythes romantiques : revisitée par les romanciers contemporains, elle leur permet de mieux poser la question (auto)critique d'une nouvelle éthique de la fiction.