Depuis les années 1980, la trajectoire de croissance allemande défie les interprétations dominantes et a contraint les théories de la croissance à intégrer la possibilité d’un équilibre viable, alternatif au capitalisme libéral, reposant sur des complémentarités institutionnelles, favorisant les investissements en capital physique et humain de long terme. Après avoir illustré l’une des utilisations de l’histoire en économie et établit l’existence d’au moins trois « faits stylisés » partagés par les trois approches institutionnalistes, nous montrons qu’elles s’opposent sur le « statut théorique » de ces « faits ». Nous soutenons que ces approches peuvent se réarticuler autour de l’institutionnalisme historique de Gerschenkron, afin de concilier de manière flexible le fonctionnalisme de l’approche du choix rationnel, qui rend compte des complémentarités institutionnelles observées jusqu’aux années 1990, et les dynamiques sociales propres à chaque institution de l’approche sociologique.