Normes familiales et modèle pathologique dans Les Parents pauvres : de quelques scénarisations éclairantes. « Cher, les lois ne sont pas toutes écrites dans un livre, les moeurs aussi créent des lois […] ; il n'est ni professeur, ni traité, ni école pour ce droit qui régit vos actions, vos discours, votre vie extérieure, la manière de vous présenter au monde ou d'aborder la fortune. 1 » La leçon d'Henriette de Mortsauf à Félix de Vandenesse décrit assez bien l'importance des normes dans la vie sociale. Même si ce terme n'apparaît pas sous la plume de Balzac 2 , elle laisse à penser que cette notion de « normes » peut se révéler opératoire pour éclairer la manière dont le roman travaille le problème de la loi. Le terme « normes », sans jugement de valeur, renvoie à un état régulier, conforme à la majorité des cas. En droit et en sociologie, il désigne les lois, les règles, explicites et codifiées, ou implicites, qui encadrent la conduite des individus en société, et dont l'infraction appelle une sanction 3. Qu'elles proviennent du législateur ou des « moeurs », « les normes […] sont […] des règles formelles s'appliquant de l'extérieur à des contenus élaborés indépendamment d'elles » 4. Mais, comme le suggère la remarque d'Henriette de Mortsauf, il existe aussi un droit tacite, fait de lois immanentes à la société. C'est avec sens très proche que Michel Foucault emploie le concept de « norme ». Le philosophe montre que la norme, à partir de la fin du XVIIIe siècle, n'est plus édictée par le souverain : elle réfère à un processus de régulation. Ainsi, contrairement à la loi qui prescrit, la norme a une action d'ajustement. Contrairement à la loi qui émane d'une source identifiable, la norme est anonyme ; contrairement à la loi qui interdit ou exclut, la norme assigne des limites : elle intègre les objets auxquels elle s'applique dans des systèmes d'intégration différentiels 5 .

Normes familiales et modèle pathologique dans Les Parents pauvres, d’Honoré de Balzac

Family standards and pathological model in Les Parents Poor, Honoré de Balzac

Abstract