Article
French
ID: <
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Abstract
éd. Y. Le Bozec, numéro spécial Le Vrai et le Vraisemblable, La nouvelle historiographie qui apparaît en France à la Renaissance marque l'évolution vers une écriture de l'histoire plus exigeante, qui rejette dans ses marges les séduisantes tentations de la fable. L'admiration pour une rhétorique classique réactive pendant quelques décades la sujétion de l'écriture historique à la narratio oratoire, assez peu soucieuse jusque-là de préserver la vérité des faits puisque tel n'était pas le but de l'orateur. En reconnaissant la puissance de notre « discours » qu'il considère comme l'étamine inévitable de l'appréhension humaine, Montaigne pourrait-il être considéré comme un précurseur des philosophes analytiques ? À la nature « allégorique » de la narration historique, thème central du débat entre Hayden White et Paul Ricoeur, s'oppose l'attitude d'Étienne Pasquier qui tente d'approcher la vérité en étudiant d'abord les documents. Celle de Montaigne est de modaliser les opinions émises sur un donné qui peut s'étendre à ce qui n'est pas impossible. L'effacement du rapprochement entre les Vêpres Siciliennes et la Saint-Barthélemy chez Pasquier, l'absence littérale du massacre des huguenots dans les Essais n'empêchent pas ces auteurs d'en tirer une amère leçon de morale politique, qui échappe à la relativité du vraisemblable et au danger du révisionnisme.