Article
French
ID: <
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Abstract
Le présent article cherche à mettre en relief la position philosophique d’Étienne Balibar sur la question du racisme à partir de Race, nation, classe et s’interroge sur l’actualité de ces analyses. Partant du constat de l’expansion du racisme dans le monde contemporain, ce philosophe ne craint pas d’affirmer que le racisme est un universalisme. É. Balibar récuse toute approche essentialiste et tente de saisir le racisme comme une réalité historique multi-dimensionnelle dont les formes s’actualisent à partir de la mémoire des racismes antérieurs. Il spécifie le racisme de notre époque comme un racisme différentialiste qui, naissant après la colonisation, substitue la « culture » aux « races » biologiques et à leur hiérarchisation. La compréhension de l’expansion du racisme dans le monde contemporain passe par l’analyse de l’articulation du racisme au nationalisme et à la lutte des classes. Considérant le racisme comme supplément intérieur et excessif du nationalisme, il soutient que l’agression raciste est une violence autorisée par les institutions de l’État national. Établi sur la différence entre les nationaux et les étrangers, l’État moderne est universaliste en théorie et raciste en pratique. L’articulation du racisme à la lutte des classes s’appuie sur l’idée selon laquelle la race est l’autre nom de la classe. Quand la prolétarisation plonge les individus dans l’indifférenciation sociale, la crise raciste se déclenche. Enfin, si le racisme est un universalisme, c’est précisément parce qu’il construit au sein du genre humain la différence entre l’homme et l’animal, entre le surhumain et le sous-humain.