Renforcement du financement sur projets et de l’évaluation, intensification des injonctions à la valorisation économique de la science, implication croissante des collectivités locales et de l’Europe, influence de la nouvelle gestion publique dans le gouvernement de la recherche : voici quelques-unes des transformations qui ont affecté les politiques de recherche en France et en Europe depuis le début des années 2000. En redessinant les frontières entre la profession scientifique, l’État et le marché, ces réformes suscitent des contestations et des controverses. Peu d’enquêtes ont cependant été menées pour comprendre et analyser les conséquences de ces réformes.L’objectif de ce livre est de rendre compte de ces évolutions en mobilisant des enquêtes de terrain approfondies. En faisant varier les points de vue et les échelles d’analyse, l’ouvrage offre un tableau documenté des réformes en cours en France, mais aussi en Grande-Bretagne, en Allemagne ou au Japon. Cet ouvrage suggère que les restructurations en cours sont complexes et qu’elles ne se résument pas à une emprise croissante de l’État et du marché sur le gouvernement de la recherche. Les membres de la profession académique ne subissent pas ces transformations sans capacités de résistance et d’action et les réformes suscitent aussi des oppositions sociales et éthiques qui contribuent à redessiner les équilibres entre science, État et marché.