Article
French
ID: <
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Abstract
Cet article traite de l’esthétique musicale (critères d’appréciation de la musique) dans la tribu des Ding du sud-ouest du Zaïre. L’auteur, membre de la tribu, porte ses observations sur deux formes musicales qu’il connaît depuis l’enfance : la musique populaire Mfung-a-miti et la musique rituelle Nkir.Dans la forme Mfung-a-miti, on a affaire à un orchestre constitué de neuf trompes en bois, de trois grands tambours et de plusieurs hochets-calebasses ; aucun de ces instruments n’est décoré. L’orchestre représente la structure socio-politique du village et joue le vécu quotidien ; chaque instrument incarne un acteur social avec les prérogatives qui lui sont dévolues dans trois phases de la vie quotidienne : temps de paix, moments de tension et périodes de conflit. Les critères d’appréciation de la production musicale reposent ici moins sur des éléments purement artistiques (accords, durée, hauteur…) que sur la manière dont chaque instrument remplit dans cette « représentation théâtrale du vécu quotidien » les rôles ou les fonctions socio-politiques attribuées au personnage qu’il incarne.Le Nkir est un rituel de guérison des troubles somatiques ou psychosomatiques ; il met en jeu plusieurs registres symboliques et une musique sacrée produite par un tambour à peau, une batterie de hochets-calebasses et un répertoire de neuf chants. Le tambour a pour fonction de coordonner les neuf phases du rituel et de donner du tonus à l’expression orale et corporelle des participants ; les hochets ont pour mission de faciliter la médiation symbolique avec le monde des esprits tandis que les chants sont appelés à constituer un discours cohérent adressé surtout aux esprits (prières, louanges…). Le tout doit cheminer l’initié(e) vers l’état de transe (signe de guérison) : c’est l’objectif recherché et la preuve d’une musique rituelle bien réussie. Ainsi, la dimension artistique est minimisée au profit de la dimension curative, fonctionnelle.