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A-t-on commémoré Jeanne la Pucelle en son temps ?

Abstract

At on commémoré Jeanne la Pucelle en son temps ? Parmi les cérémonies commémoratives de l'époque contemporaine, celles consacrées à Jeanne d'Arc, aussi bien à Orléans qu'à Paris chaque année au mois de mai, ont longtemps porté une forte charge idéologique. La figure de la Pucelle déchirée entre catholiques monarchistes ou nationalistes intégraux vénérant la tardive (1920) sainte, d'un côté, et de l'autre, républicains admiratifs de la fille du peuple abandonnée par le roi, a opposé deux mémoires nourries par le fascinant « revival » johannique survenu au temps de Michelet et prolongé par le long procès de canonisation commencé en 1874. La réflexion historique s'est abondamment penchée sur la question des commémorations johanniques, moment d'exacerbation s'il en est des « passions françaises » 1. Mais la focalisation-légitime-des enquêtes sur les deux siècles derniers a un peu fait perdre de vue le « régime commémoratif », si l'on peut dire, que connut la Bonne Lorraine chère à François Villon au siècle même de sa brève existence. Le sujet n'est pourtant ni sans pertinence ni sans intérêt. D'une part, en effet, commémorer ne fut nullement une pratique étrangère aux temps médiévaux 2 , temps extrêmement religieux, occupés à la remémoration liturgique de la vie du Christ dont chaque messe commémore la Passion. Les mystères joués à la fin du Moyen Âge procuraient d'autres occasions de se souvenir ensemble de l'histoire biblique et de réunir la collectivité dans la mémoire commune des saints, fêtés le jour de leur martyre, tel saint Louis le 25 août. Composé à la fin du XIII e siècle, le dictionnaire latin-latin (Catholicon) du frère prêcheur devenu archevêque de Gênes, Giovanni Balbi, contient bien une notice commemoracio suivie d'une notice commemoro. Elles définissent les deux vocables comme le fait de se souvenir ensemble (simul recordacio, con-memoro), fait unissant les fidèles entre eux, mais aussi les fidèles et les défunts. Ces derniers bénéficiaient d'ailleurs d'un jour particulier dédié à leur souvenir, le 2 novembre, depuis l'impulsion donnée à la fête des morts par l'ordre de Cluny en 998. La commémoration s'enracine donc profondément dans la culture médiévale. Se poser la question de celle de Jeanne d'Arc en son temps n'a par conséquent rien d'anachronique ni d'artificiel. Ni d'oiseux doit-on ajouter. Car s'il est vrai que la native de Domrémy portée bien plus tard sur les autels ne put faire l'objet au XV e siècle d'une démarche commémorative du type de celles vouées aux figures néotestamentaires et aux saints, les décennies qui suivirent sa mort furent marquées par l'apparition de la première « fête nationale » (pour reprendre l'expression de Colette Beaune 3), destinée à commémorer la victoire sur les Anglais à laquelle la Pucelle d'Orléans n'avait pas peu contribué. Y fut-elle associée ? D'autres manifestations commémoratives l'ont-elle concernée ? De quelle nature et avec quelles finalités ? Au fond, les autorités, et au premier chef la monarchie, voulurent-elles vraiment que l'on se souvînt officiellement de Jeanne à l'époque de Charles VII et de ses successeurs ?

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