L’usage de la kétamine semble intéressant compte tenu d’une efficacité antidépressive précoce. L’objectif de cette revue est de faire le point sur les différents résultats cliniques obtenus puis d’envisager les différents mécanismes d’actions supposés de cette molécule. L’efficacité antidépressive de la kétamine seule dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs semble débuter très précocement après l’injection et se maintenir au moins une semaine. Il semble également que ce traitement ait une action très précoce au niveau des idées suicidaires permettant une application directe en pratique clinique. Plusieurs facteurs cliniques de bonnes réponses à la kétamine ont été mis en évidence parmi lesquels les antécédents familiaux de premier degré de dépendance à l’alcool, les troubles dépressifs récurrents ainsi qu’une diminution de la vitesse de traitement de l’information. Son action antidépressive comme anesthésiant lors des sismothérapies semble plus contrastée avec une notamment une majoration de certains effets secondaires tel que les syndromes confusionnels. L’efficacité précoce lors de son usage seul soulève la question de son mécanisme d’action. Plusieurs ont été posées parmi lesquelles l’activation intracellulaire des voies de la protéine kinase B (Akt) et « mamalian target of rapamycin » (mTOR) via la fixation du glutamate sur les récepteurs alpha-amino-3-hydroxy-5-methyl-4-isoxazole propionic acid. L’efficacité antidépressive de la kétamine présente plusieurs avantages avec d’une part un apport en pratique clinique sur les crises suicidaires et d’autre part un apport au niveau de la recherche avec l’exploration de cascades de réactions intracellulaires qui pour le moment n’ont pas été pleinement étudiées en psychiatrie.