L'augmentation de l'emprise de l'homme sur les terres émergées, en particulier à travers l'expansion et l'intensification agricole, a d'énormes conséquences sur la biodiversité. Des tentatives de protection se sont mises en place, par la mise en réserve d'espaces naturels ou par l'adoption de pratiques agricoles moins intensives. L'étude des compromis entre production et biodiversité peut aider à cibler les politiques de protection les plus efficaces. L'objectif de la thèse était de révéler des stratégies d'utilisation des sols agricoles qui permettraient d'enrayer le déclin des oiseaux agricoles tout en maintenant la production dans un territoire partagé entre grandes cultures et élevage de ruminants. Notre travail s'est basé sur l'étude de corrélations entre des variables décrivant l'utilisation des sols agricoles, la production agricole et plusieurs descripteurs des communautés d'oiseaux dans les milieux agricoles français. Nous avons observé des communautés d'oiseaux très spécialisées, granivores, et pauvres en espèces dans les régions à haute production végétale ; et des communautés dominées par des oiseaux généralistes dans les régions à haute production animale. La stratégie d'utilisation des terres agricoles qui maximisait la moyenne géométrique des abondances de 22 espèces d'oiseaux agricoles en maintenant la production dans ses composantes animale et végétale combinait une extensification des terres cultivées, le renforcement des régions d'élevage extensif et l'intensification des régions d'élevage déjà intensives. Nos résultats soulignent la nécessité d'adopter des solutions différenciées à la production animale et à la production végétale, au-delà de la dichotomie land sparing/land sharing. Ils suggèrent aussi qu'il n'est pas possible d'assurer le niveau actuel de production animale dans des régions accueillantes pour les oiseaux.