Lors de la rédaction de l'article : - Didier Drieu : psychologue clinicien, Laboratoire de psychologie clinique et psychopathologie, Université de Rouen, EMPA, 35, route de Trouville 14000 Caen, France. - Patrick Genvresse : pédopsychiatre, Laboratoire de psychologie clinique et psychopathologie, Université de Rouen,EMPA, 35, route de Trouville 14000 Caen, France. Les références étiologiques du syndrome d’anorexie mentale restent hétérogènes. Pour cette pathologie de l’adolescence et en relation avec le choc pubertaire, il a surtout été fait référence aux troubles narcissiques (la notion de narcissisme négatif notamment) entraînant des troubles du comportement. Toutefois, si la personnalité des parents a parfois fait l’objet d’évaluation dans certaines recherches, peu de travaux mettent l’accent sur certaines spécificités de la dynamique familiale. Le fonctionnement du groupe familial peut ainsi mener à une indifférenciation des générations, une grande interactivité favorisée par un nouage incestuel. À travers le récit d’un cas faisant l’objet d’un suivi thérapeutique plurifocal, nous analysons ainsi comment des traumatismes, la non-élaboration de deuils à la génération des parents, peuvent être à l’origine d’une indistinction générationnelle. Celle-ci rend impossible l’intégration du sexuel à l’adolescence ; la sexualité prend alors l’allure d’une menace pour le sujet. Le trauma de la puberté se trouve redoublé par la réalité particulièrement excitante d’une séduction narcissique qui perdure. Il en ressort la nécessité d’élaborer ce qui a empêché la constitution du deuil originaire susceptible d’introduire une première séparation avec l’objet primaire. Dans ce sens, il y a nécessité de mettre en place un travail thérapeutique à plusieurs intervenants afin d’étayer la mise en perspective des symptômes de la jeune adolescente avec l’histoire parentale.