Abstract
Prise de risque et dépression à l’adolescence constituent un problème pour le psychopathologue, au sens où leurs relations peuvent être interprétées de différentes manières : comportements signant l’échec de la lutte contre la dépression ou encore dépression secondaire voire « réactionnelle » aux conséquences négatives de ceux-ci, ou simple association. Un certain nombre de travaux ont souligné le rôle des émotions et de leurs dysfonctionnements comme facteurs associés ou explicatifs de celle-ci. L’objectif de cette étude était de caractériser les relations entretenues par ces deux troubles en utilisant une approche comparative. A cette fin, à partir d’un échantillon de 488 adolescents, 4 groupes ont été constitués : deux groupes monosymptomatiques présentant soit des conduites à risques, soit une symptomatologie dépressive, un groupe présentant une association des deux troubles, et un groupe contrôle sans dépression ni conduites à risques avérées. Les participants ont complété une série d’autoévaluations de la dépression (CES-D), des conduites à risques (YRBSS), du niveau de conscience émotionnelle (LEAS), et de l’intensité émotionnelle subjective (DES). Les résultats obtenus permettent de caractériser chaque groupe par une articulation spécifique du niveau de conscience émotionnelle et de l’intensité émotionnelle subjective, particulièrement dans le cas des émotions négatives. Ces résultats peuvent être interprétés comme liés à un arrêt développemental chez les adolescents à différents niveaux de conscience émotionnelle amenant à des dysfonctionnements spécifiques dans les capacités à utiliser l’information émotionnelle afin de s’adapter à l’environnement.