L’expression de la modernité politique a, paradoxalement, beaucoup emprunté au religieux. Le processus de sacralisation des textes constitutifs, le réinvestissement libéral de symboles d’inspiration religieuse, les pratiques politiques ritualisées et le sacrifice sur l’autel de la patrie sont autant de manifestations des religions civiles qui voient le jour à l’aube du libéralisme, dans le sillage des révolutions américaine et française. La prégnance du religieux dans le discours et l’imagerie politiques de l’Espagne du XIXe siècle s’inscrit dans cette même mouvance, tout en étant la marque de la profonde empreinte de la religion traditionnelle dans la culture espagnole. De l’emprunt sacré dans le discours et l’imagerie politiques à la parodie religieuse dans la caricature, l’article s’attache à montrer comment ces divers procédés contribuent au renouveau du langage politique et sont au service d’un message d’émancipation.