Ce travail vise à montrer l’efficience et l’opérativité du concept de séparation pour penser les relations précoces, y compris au temps du narcissisme primaire et de la fusion à l’objet, ainsi que leur réaménagement à l’adolescence. Les limites du concept de processus de séparation-individuation, proposé par M. Mahler et repris par P. Blos, sont interrogées en raison du caractère téléologique de leur conception du psychisme humain. Le cas d’une adolescente ayant des difficultés à dire « je » permet de distinguer processus de différenciation et processus de subjectivation, et de montrer que la séparation joue dans ces deux processus un rôle crucial. Mais de façon concomitante, une rêverie unitaire de non-séparation, proche du mythe de l’androgyne tel qu’il est relaté dans le Banquet de Platon, parcourt la vie psychique.