Cette proposition revient sur cinq ans de collaboration entre une université française et une université allemande. Au cours de cette période, trois expériences en master en didactique des langues ont été mises en place. Elles ont porté sur trois grandes problématiques qui relèvent de la formation initiale des enseignants de langue : la multilitératie numérique (Chun et al., 2016) ; le développement d’une conscience interculturelle (Abendroth-Timmer et Aguilar, 2014) ; la sensibilisation à la portée de la dimension émotionnelle dans les situations d'enseignement et d'apprentissage (Xue & Schneider, 2015). Dans les trois cas il s’agissait d’enseignements mutualisés qui se sont matérialisés autour du principe de tandems (Tanghe & Park, 2016) suivis par des tuteurs (en France et Allemagne), en hybride (des rencontres en présentiel ont eu lieu, complétées par des rencontres synchrones à distance, puis travail [a]synchrone auto-géré par les étudiants, avec des relances/points par les tuteurs). Des technologies de communication synchrone et asynchrone (Jenks, 2014), telles que Moodle, des applications Google© (« Agenda », « Calendar », « Drive », « Groupes », « Sites »), Facebook©, Skype© (chat et visio-conférence) et le mail, ont été mises à la disposition des participants. Ces technologies ont permis aux étudiants de mettre en œuvre des dynamiques de travailcollaboratives afin de compléter des tâches, telles que : pré-questionnaire individuel ; la lecture d’articles scientifiques et la rédaction de synthèses collaboratives ; la conception de grilles d’observation de la pratique enseignante ; la conception de tâches pour des apprenants de langue. Au cours de ces trois collaborations inter-universitaires, d’autres traces écrites ont été produites, telles que des pré-questionnaires individuels et des rapports réflexifs individuels. Les données audio-visuelles et écrites recueillies permettent d’observer des phénomènes relatifs à ces situations de formation par la télécollaboration, au sein des tandems : des séquences potentielles d’apprentissage informel ; des tensions et des solutions aux tensions ; des résistances ; des attitudes de désengagement. Des difficultés ont aussi été constatés lors de la mise en œuvre de ces coopérations ; elles apparaissent comme spécifiques aux dispositifs de télécollaboration, notamment : l’harmonisation des calendriers universitaires, des critères d’évaluation et des systèmes de notation entre l’université française et l’allemande ; l’organisation de rencontres en présentiel ; la fidélisation des participants ainsi que de certains partenaires ponctuels, notamment deux lycées, l’un et l’autre en Allemagne, lors de la deuxième coopération entre les deux universités.