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Thesis

French

ID: <

10670/1.e0s079

>

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Ni hasard ni projet. : genre, sexualité et procréation pendant la jeunesse en Russie (années 1970-années 2010)

Abstract

Cette thèse s’intéresse d’un point de vue sociologique et socio-historique aux parcours d’entrée dans l’âge adulte de deux générations de femmes russes, en se focalisant sur l’entrée dans la sexualité, dans la conjugalité, et dans la maternité. Des entretiens ont été menés à Moscou ou à Saint-Pétersbourg avec des femmes (N=32) et des hommes (N=12). Les personnes interrogées sont majoritairement diplômées, entrées dans l’âge adulte avant et après la perestroïka (entre les années 1970 et 2010), et parmi elles les parcours atypiques (avec un premier enfant tardif ; sans enfants ; homo- et bisexuels) sont surreprésentés. Par ailleurs, deux corpus de presse ont été analysés (articles et rubriques relatives au courrier du lectorat d’une part dans un magazine soviétique de vulgarisation médicale, d’autre part, dans un magazine post-soviétique pour adolescent·e·s). D’une génération à l’autre, la transition du socialisme d’État au capitalisme s’est accompagnée de nouvelles possibilités et contraintes, et les évolutions de l’encadrement politique de la contraception et de l’avortement depuis les années 1970 font émerger des modèles inédits pour le gouvernement de soi dans le domaine procréatif. L’âge moyen de la première maternité a reculé, et les normes (notamment de genre et d’âge) qui prévalent lors des débuts sexuels et amoureux se sont largement recomposées ; la diffusion inédite de méthodes de contraception technologiques (préservatif surtout, pilule dans une moindre mesure) a joué un rôle-clé dans ces évolutions. Une analyse des socialisations genrées à la sexualité et au contrôle des naissances (en famille, à l’école, entre pairs, par les médias, notamment) est menée pour chacune des deux générations. À une génération de femmes qui avait un premier enfant pendant les études, ou très rapidement après, succède en Russie post-soviétique, dans les grandes villes, une génération qui fait l’expérience d’une « jeunesse sexuelle » inédite. Par là, on entend une période de la vie légitimement dédiée à des relations (hétéro)sexuelles idéalement protégées, dans le cadre d’un ou de plusieurs couple(s) successif(s), cohabitant(s) ou non, possiblement sans perspective de mariage ni de maternité. Mais la montée en puissance d’un tel idéal de maîtrise de la fécondité en début de vie sexuelle n’implique pas nécessairement que la naissance du premier enfant soit vécue sur le registre du projet conjugal concerté et soigneusement planifié. Plus les jeunes femmes avancent dans la vingtaine, plus elles sont assignées au sérieux conjugal, et plus, dès lors qu’elles sont en couple hétérosexuel stable, une injonction à la maternité précoce peut entrer en contradiction avec l’idéal de maîtrise du risque de grossesse. Il est alors banalisé – voire valorisé – de glisser tacitement d’une sexualité contraceptée à une sexualité potentiellement féconde, et de vivre la naissance de son premier enfant sur le registre du destin maternel et de l’abnégation.

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