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French

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10670/1.e7ov4g

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La douceur, une catégorie critique au XVIIe siècle

Abstract

[Etude publiée dans Le doux aux XVI e et XVII e siècle. Ecriture, esthétique, politique, spiritualité, Actes du colloque international de Lyon (28-29 mars 2003), éd. M.-H. Prat et P. Servet, Lyon, Cahiers du GADGES, n°1, 2003, p. 239-260.] La douceur, une catégorie critique au XVII e siècle Catégorie centrale de la réflexion antique sur les pouvoirs du langage, incarnée par la figure tutélaire de Nestor, à l'éloquence de miel, la douceur occupe dans les réflexions occidentales sur la langue et le style une place majeure, constamment réaffirmée mais toujours renégociée : qu'il s'agisse de la définition du meilleur style, de l'identification nécessairement polémique du « génie » propre à chaque nation dont la langue publierait les caractères, de la promotion ou de la célébration de panthéons littéraires eux-mêmes objets de débats-entre autres nombreux points de crispation-, la notion, à chaque fois actualisée dans des contextes singuliers, rassemble sous une bannière aux couleurs apparemment identiques des partisans dont les positions se révèlent souvent irréductibles. Les vives querelles ouvertes au milieu du XVI e siècle autour de la « naisve françoise » sont loin d'être apaisées pour les générations suivantes, même si les échos nous en parviennent assourdis, derrière l'imaginaire d'un XVII e siècle voué à l'unanime célébration du rayonnement de la langue française, de sa littérature, de ses monarques. Mais c'est à la croisée de questions majeures que la notion doit être située, nouant entre elles des considérations esthétiques, politiques, religieuses, et plus généralement encore, éthiques, engageant une importante réflexion sur la régulation des moeurs civiles et l'usage légitime de la séduction. La dimension langagière de la catégorie, à laquelle cette contribution se limitera, emporte en réalité avec elle l'ensemble de ces enjeux. Il conviendra de ne pas perdre de vue cet arrière-plan, à défaut de pouvoir en développer tous les aspects : d'un travail en cours sur ce sujet, je retiendrai quelques éléments qui m'ont paru mériter d'être noués en gerbe. Je voudrais, pour mon compte, mettre en évidence l'opérativité critique de cette notion dans les années 1640-1690 : celles qui suivent immédiatement la création de l'Académie française, qui voient s'affirmer à découvert les résonances sociopolitiques du bel usage, qui permettent l'émergence d'une littérature mondaine où « l'instance féminine » 1 dépasse peu à peu le statut de représentation allégorique pour renvoyer très concrètement aux prétentions nouvelles des femmes sur la scène littéraire, celles enfin pendant lesquelles la Querelle des Anciens et des Modernes remet au premier plan l'ancien dispositif apologétique en faveur du français. On le verra à travers un parcours nécessairement cavalier, la douceur constitue à plus d'un titre une catégorie critique aussi efficace que malaisée à fixer.

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