Abstract
Face aux visions behavioristes de la formation et tayloriennes du travail, il convient de s'interroger sur la spécificité des capacités, attitudes ou compétences des métiers du care. Une analyse des référentiels de compétences et de portfolios de formation des secteurs de la santé et du social révèle l'occultation des des dimensions affectives, identitaires et conflictuelles, l'évacuation des enjeux de pouvoir et la réduction de la relation d'aide à ses composantes juridique, institutionnelle et méthodologique. Une vision techniciste, centrée sur la communication l'emporte sur une approche clinique centrée sur la relation. Paradoxe de l'approche par les compétences, elle s'exprime dans des référentiels avant tout prescriptifs qu'ils ne parviennent à saisir la réalité, alors qu'elle vise précisément l'action en situation. Enfermement dans des procédures rigides et difficulté à traiter les aspects relationnels et sociaux per se vont de pair. Ce constat plaide pour un travail de la pensée - réflexion sur l'expérience du travail et intelligence au travail - afin de sortir de l'ornière behavioriste et de l'illusion taylorienne du découpage de l'activité en tâches élémentaires.