Les symptômes négatifs schizophréniques sont souvent considérés comme difficile à objectiver au sein des formes cliniques paucisymptomatiques qui débutent généralement par un processus insidieux où l’émoussement affectif est prédominant. Il y a un enjeu à repérer ces formes car leur persistance dans le temps comporte un important impact fonctionnel. Dans cette perspective, nous proposons de revenir sur les concepts d’émotion, d’humeur et d’affect. Nous mettons en évidence l’importance de distinguer les émotions simples issues d’expériences situationnelles, des émotions plus complexes impliquant des phénomènes associatifs. Les émotions liées à des « programmes affectifs » déclenchent le plus souvent l’action de manière immédiate, tandis que les émotions cognitives supérieures peuvent produire une multiplicité d’actions. À partir de là, l’examen clinique nécessite de stimuler l’implication émotionnelle dans la vie passée et future du patient, en tentant de sortir des lieux communs et des clichés. Nous proposons ensuite la description de quatre tableaux cliniques permettant de mettre en relief la perte de profondeur de la vie affective au sein de ces formes s’apparentant au début à des changements de personnalité et évoluant vers une symptomatologie négative plus ou moins prononcée. La question du diagnostic se précise alors, dans cette confrontation entre exploration phénoménologique et psychopathologie basée sur des constellations différenciées de symptômes. Enfin, des perspectives se dessinent à partir de soins orientés vers l’autonomie et le rétablissement, notamment en amont de la perte substantielle de la motivation et de l’intérêt.