Article
French
ID: <
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Abstract
Les projections anthropomorphiques que suscitent les robots humanoïdes tendent à mobiliser la grammaire de la distance ou de la proximité, de l’inclusion et de l’exclusion, qui est une grammaire éminemment morale. À cette grammaire morale se rajoute la phénoménologie du familier ou de l’étrange, du rassurant ou de l’inquiétant, de la présence ou de l’absence, du réel ou de l’imaginaire, qui hante la « vallée de l’étrange » (uncanny valley) reliant et opposant les humains et les non humains. Après avoir déployé les enjeux moraux que soulève l’anthropomorphisation et notamment les relations d’empathie émotionnelle que celle-ci suscite ou sollicite, nous adopterons sur les robots une autre perspective, celle qui consiste à les appréhender non comme des (non)personnes, mais comme des dispositifs qui ont le pouvoir de nous faire agir et ressentir. Sous cet angle, le mode d’existence des robots et leur mode de co-existence avec les humains ne relèvent plus d’une grammaire morale, mais d’une grammaire politique.