Ce mémoire traite du réseau social professionnel LinkedIn, fondé en 2002 par Reid Hoffman, qui se présente comme une interface de mise en relation entre professionnels. Nous nous sommes interrogées sur le double paradigme de performance et de spectacularisation de soi dans lequel évolue LinkedIn à des fins marchandes. Afin de répondre à cette problématique, nous avons articulé notre recherche autour de trois axes. Dans un premier temps, il apparaît que LinkedIn répondrait à une isotopie qui serait à la fois un espace d’expression personnelle et un espace destiné à la capter, la rentabiliser. Le profil d’un utilisateur de LinkedIn est à la fois un visage, c’est-à-dire l’apparente identité qu’il souhaite donner à voir, et un objet documentaire, c’est-à-dire un ensemble de données récupérées par la plateforme et utilisées ensuite par des entreprises. Nous avons également démontré que la plateforme répond au mythe contemporain de Superman dans lequel chaque individu doit dépasser ses limites et être toujours plus performant. Enfin, LinkedIn impose à ses utilisateurs une certaine vision du professionnel dans laquelle chacun doit et est amené à se reconnaître. L’imaginaire d’expertise et de professionnalisme est là pour atténuer la violence de l’économie scripturaire, au sens où l’entend Michel de Certeau, et la force projective définie par Roland Barthes.