Abstract
L'insurrection hongroise d'octobre et de novembre 1956 représente un moment clef de cristallisation des tensions durant les années de Guerre froide, non pas tant dans ses implications internationales, mais plutôt par son impact sur les représentations des contemporains. En effet, autant par son imprévisibilité que par son intensité, et peut-être surtout par son dé-nouement tragique, elle constitue un puissant facteur en France de mobili-sation collective et d'émotion partagée. Or les événements de Hongrie, qui surviennent dans un contexte international tendu dans lequel la France est engagée dans de véritables conflits (Algérie, crise de Suez), ont longtemps été perçus à l'aune du désamour des intellectuels et des compagnons de route du PCF à l'égard de l'URSS 2. Mais, vu d'en bas, ce temps court-quelques semaines-est avant tout un catalyseur de passions, longtemps contenues, qui s'extériorisent, à travers toutes ces manifestations, sponta-nées ou non, de compassion, de solidarité et d'indignation.