Article
French
ID: <
10670/1.hlvr4d>
Abstract
Identifier le centre névralgique de son adversaire, déterminer ses faiblesses, parvenir à le renverser, tels sont les objectifs de toute force armée. L’apparition de la notion de « puissance aérienne » à la fin de la Première Guerre mondiale finit par donner de nouveaux moyens et un nouveau sens à l’action militaire. Au cœur de l’action « stratégique » apparait alors la question du choix des objectifs à atteindre par voies aériennes. Encore faut-il pouvoir déterminer avec précision les cibles susceptibles d’être atteintes. La constitution d’escadrilles de reconnaissance lointaines est alors le corollaire indispensable à la constitution de groupes de bombardement « stratégique ». De cette constatation nait tout d’abord en Grande-Bretagne puis aux États-Unis des équipes militaro-civiles à l’interface entre reconnaissance, renseignement et planification. Ces équipes sont à l’origine d’une nouvelle science opérationnelle : le ciblage. Si cette nouvelle approche indirecte du combat naît entre 1940 et 1942 à l’occasion des premiers raids du Bomber Command britannique sur l’Allemagne, le caractère scientifique du ciblage débute réellement à l’été 1943 lors de la planification des opérations aériennes en Sicile puis en Normandie et, enfin, lors des différentes campagnes des aviations stratégiques alliées au-dessus du IIIe Reich. Suscitant débats et polémiques, cette question du ciblage est grande partie l’œuvre de scientifiques comme l’archéologue Daniel, le primatologue Zuckerman ou encore l’économiste Kindleberger qui se retrouvent ainsi aux premières loges des opérations militaires.