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French

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10670/1.hml4o2

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Les "classes moyennes", du social au spatial : retour sur un glissement dans les catégories savantes

Abstract

National audience Au début des années 80, des chercheurs font l'hypothèse qu'une fraction bien spécifique des couches moyennes salariées serait en passe de former un nouveau groupe social (Mehl, 1982). Cette « classe d'alternative » (Dagnaud M., 1981) ou ces « aventuriers du quotidien » (Bidou, 1984) porteurs de l'héritage de Mai 68, sont désireux de changer la ville et changer la vie. Adossé à la croissance et à l'Etat Providence, aux différents bouleversements intervenus au sein de la société tout au long des 30 Glorieuses, ce groupe se définirait notamment par sa volonté de changer la société et sa capacité à le faire concrètement, dans la vie quotidienne et par l’engagement associatif. Plus particulièrement, les catégories ainsi désignées se caractériseraient par un rapport à l'espace spécifique, que leur choix se porte sur les centres historiques rénovés dont elles apprécient le côté « exotique », « cosmopolite » ou encore « authentique », ou sur le périurbain pour celles d'entre elles qui rejettent l'anonymat de la ville et recherchent des espaces d'ancrage. L'espace et plus spécifiquement l'espace local joue un rôle important, en ce qu'il est tout à la fois le prétexte au déploiement de discours normatifs permettant une identification commune, et le support de modes de vie spécifiques valorisant le hors travail, la sociabilité ou encore l'engagement associatif et politique. Quelques décennies plus tard, la « nouvelle classe » n'a pas vu le jour et on dit des « aventuriers » d'hier qu'ils « dérivent » (Chauvel, 2006). Simultanément, cette trajectoire dépressionnaire semble s'inscrire dans l'espace, au regard des procès en fermeture et entre soi régulièrement intentés aux « classes moyennes ». Qu'elles soient « gentrifieuses » ou périurbaines, ces dernières manifesteraient une tendance au repli, tantôt masquée par des discours de promotion d'une mixité sociale qu'elles s'empresseraient de contredire par leurs pratiques, tantôt concrètement matérialisée par des barrières à l'entrée de leurs lotissements. L'espace serait ainsi le support de pratiques d'évitement, voire de sécession (Donzelot, 2004), de la part des couches sociales intermédiaires. L'objectif de cet article est double. D'une part, il s'agit de souligner la relation, effectuée de façon plus ou moins explicite, entre un groupe social et son rapport à l'espace. Aux « aventuriers » d'hier la conquête, aux « angoissés » d'aujourd'hui le séparatisme : analyses des groupes sociaux et analyses des évolutions urbaines présentent une certaine convergence et tendent à associer une réaction spatiale à une situation sociale. Sans remettre en cause la transcription spatiale des dynamiques sociales, on ne peut pour autant réduire leurs relations à des liens mécaniques et linéaires. Or, l'histoire récente des « classes moyennes » est marquée par une telle lecture, ainsi que se propose de le souligner notre première partie. Le rapport à l'espace des groupes sociaux, en l'occurrence celui des couches moyennes, est plus complexe : il nécessite d'être appréhendé non seulement à partir des formes qu'il prend mais également au travers des discours et des projets qui accompagnent ces formes, ainsi qu'au regard des positions et trajectoires des individus. Ce sera là le cœur de la seconde partie, qui veut montrer, à partir d'une enquête menée sur un groupe de « classe moyenne » typique des « aventuriers du quotidien » et de leurs héritiers, la multiplicité des registres à mobiliser pour comprendre le rapport à l'espace de ces catégories sociales.

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