Abstract
Cette contribution propose d'explorer la présence du soufisme dans Les Mille et Une Nuits, recueil destinés en principe au divertissement et non à mettre en valeur l'ascèse ou la spiritualité. Que ce soit à travers les grandes figures du soufisme irakien ou par l'entremise des derviches, calenders, fuqarâ', ascètes ou soufis ordinaires, nous observons une présence, certes discrète mais réelle, de la spiritualité. À travers cette palette de personnages, la sainteté, souvent anonyme ou sans rapport avec les grands saints de l'histoire musulmane, est bien présente. Le saint est une figure du héros propre à susciter l'imaginaire, entretenant avec le public des contes une forme de proximité, car il partage avec lui anonymat et condition modeste. Cependant, des pouvoirs exceptionnels lui sont attribués : il peut guérir, protéger contre les dangers, sauver des périls, en un mot être un agent décisif de cet ordre occulte du monde qui échappe au commun de mortels. Au-delà des apparences, ces textes pourraient être plus sérieux qu'il n'y paraît, du moins certains contes qui transmettent un savoir et proposent une morale, " celle de la formation de l'âme ", car il y a bien une sagesse ou plutôt des trésors de sagesse véhiculés par les nuits. Et le soufisme est l'un des modes d'expression de cette sagesse universelle.