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Article

French

ID: <

10670/1.ivjvsl

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DOI: <

10.3917/jalmalv.141.0079

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La vieillesse entre le normal et le pathologique : un « état pathologique normal » ?

Abstract

Simone de Beauvoir, dans La Vieillesse (1970), a bien analysé le fait qu’on est vieux pour autrui et non pour soi : c’est le regard d’autrui qui nous fait vieux. Il est possible de tricher avec son propre regard, de minimiser la gravité des faits, de se dissimuler les « stigmates » ou les « symptômes » de la vieillesse. Il est infiniment plus difficile d’échapper à l’étonnement d’autrui : « Elle a pris un sacré coup de vieux. » Plus douloureux encore, plus révélateur de l’étendue du mal est le voile pudique qu’autrui met sur son propre regard pour ne pas nous blesser, le regard qui fait semblant de ne rien voir. Ce regard qui devient un évitement de regard est un regard d’exclusion. Or le rejet des vieux conduit à une impasse très onéreuse et très dommageable pour la société et pour chacun de nous car, en rejetant les vieux, on rejette l’idée que la conscience de soi se construit jusqu’à la mort, que l’histoire du moi est un processus d’individuation qui dure toute la vie et surtout on oublie qu’un système social qui fonctionne bien est un système qui intègre tous les citoyens et non qui en exclut beaucoup par le chômage, la pauvreté, la maladie ou l’âge. En rejetant les vieux, on se condamne à mal vieillir car on se condamne à se rejeter soi-même à plus ou moins longue échéance. Seulement, lutter contre l’exclusion des vieux demande de construire de nouvelles normes et de nouvelles valeurs. Cela exige d’être à soi, de ne plus être assujetti à la dictature de l’urgence, mais d’avoir le temps et son temps avec soi. En effet, que dit-on réellement quand on dit : « Je n’ai pas le temps ? » On dit : « Ce n’est pas ma priorité, ce n’est pas ce que je désire faire en premier. » Et quand on réfléchit à cette hiérarchisation des désirs, on s’abstient de dire à un(e) ami(e), à sa grand-mère ou grand-père qui demande un rendez-vous, une visite : « Je n’ai pas le temps. » Or, réfléchir à la hiérarchisation de ses désirs, c’est être conscient de ce qui est essentiel pour soi et ce qui l’est moins. Vieillir oblige à cette prise de conscience parce que vieillir signifie instaurer de nouvelles normes dans sa vie.

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