Abstract
Les difficultés que rencontre l’Église catholique dans ce monde d’hypercommunication et de sollicitation médiatique permanente ne tiendraient pas seulement à la circulation du langage religieux en milieu profane ou à une mauvaise utilisation des médias. Les raisons sont plus profondes et tiennent plutôt à l’ethos communicationnel de l’Église catholique. Précisément, la posture communicationnelle de l’Église dans l’espace social serait configurée, pour une part, sur le secret ; non un secret originel, mais bien une culture et une pratique du secret qui traversent toute la tradition catholique, que ce soit, pour ne retenir que quelques-unes de ses formes d’expression, le livre scellé de l’Apocalypse, le sacrosaint secret de la confession, les secrets de Fatima, le huis-clos systématique des assemblées plénières, etc. Cette contribution propose d’analyser cet ethos communicationnel basé sur la valeur du secret, et de son corolaire, le mystère, à travers des actes d’énonciation qui impliquent des textes, des stratégies d’acteurs, des situations sémiotiques, tout ce qui construit la « scène » typique d’une action de communication religieuse.Cette forme de vie caractérisée par le secret, manifestant une identité saisissable, entre inévitablement en confrontation avec la valeur de transparence. Cette dialectique du secret et de la transparence conduit à situer cette analyse sur la tension, source d’incompréhension et de crispations réciproques, entre le maniement du secret, la clôture informationnelle de l’Église, avec une prédilection pour le silence, et l’exigence de visibilité, d’immédiateté, d’ouverture de la société de l’information.