Book
French
ID: <
10670/1.kiwulu>
Abstract
Augustin est loin d’être le premier auteur latin à avoir cité et commenté le logion sur le blasphème contre l’Esprit (Matth. 12, 31-32 et //). Les textes conservés qui lui sont antérieurs donnent à voir une trentaine de lieux significatifs, ici étudiés de manière exhaustive. Deux grands contextes d’interprétation y sont visibles : la théologie pénitentielle, en réaction à l’usage du logion par les Novatiens ; les controverses anti-ariennes sur la nature divine du Christ et du Saint-Esprit. On constatera que les Pères détachent peu le logion du contexte matthéen (et marcien) de la péricope sur Béelzebul, y puisant les clefs de son interprétation et prenant en compte tous les segments de cette parole complexe : universalité du pardon ; dichotomie Fils de l’homme / Esprit saint ; irrémissibilité définitive du blasphème. L’évaluation de ces textes comme sources possibles de la pensée augustinienne se révèle toutefois décevante. Le renversement de perspective opéré par l’évêque d’Hippone, qui fait passer d’une conception externe du blasphème contre l’Esprit comme péché que l’Église ne peut remettre, ou comme hérésie objectivement définissable, à une conception intériorisée où il est impénitence finale du pécheur post-baptismal, n’a pu trouver que peu de points d’appui chez ses prédécesseurs.