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Programme de courts métrages 2003-2005 (documents pédagogiques "Lycéens et apprentis au cinéma")

Abstract

Il est une énigme que le cinéma, d’un genre à l’autre, d’époque en époque, de film en film, ne cesse d’explorer sans jamais la résoudre : celle du visage. Enchevêtrement de lignes, somme de traits, succession d’expressions, agglutination de masques, le visage dit, en même temps qu’il donne à voir, la puissance émotive du cinéma – ce moment où l’image rejoint et sublime l’indicible même. Le nouveau programme de courts métrages sélectionné pour l’opération "Lycéens au cinéma en région Centre" en atteste à sa manière : chacun des cinq films, forts différents les uns des autres, vient buter sur les visages de ses protagonistes. Chaque récit déroule le fil des bobines qui arpentent le champ et l’imprègnent de leur singularité. Ligne de vie, film d’animation de Serge Avédikian sur les camps de concentration, fige et anime tour à tour les visages exténués, émaciés, dépersonnalisés de prisonniers affrontant quotidiennement le mépris et la honte, la douleur et la mort, la peur et l’oubli de soi. Le film s’ouvre et se clôt pourtant sur un visage ayant retrouvé son identité par la mémoire : celui d’un vieil homme, survivant des camps, dont chaque trait, chaque ride, dessine sur sa peau-parchemin son histoire personnelle et celle des disparus qu’il n’a pas oubliés. Ni vue, ni connue, de Dorothée Sebbagh, confronte le visage insouciant mais suspect, libéré et mystérieux, d’une jeune voleuse à celui, méfiant mais ouvert, scrutateur et curieux, d’un vigile de centre commercial. La rencontre de leurs regards, l’amour qu’ils se font avec les yeux, sont l’occasion non pas d’un mimétisme entre les visages, mais de l’exaltation de leurs différences, qui font le lit dans lequel s’épanouiront peut-être leurs étreintes futures. Le projet même d’Outer Space de Peter Tscherkassky tient par le visage d’une actrice de série B, emprunté à un autre film, L’Emprise de Sidney J. Furie. En s’en prenant à la pellicule même, en s’attaquant à la matière filmique, c’est le visage de Barbara Hershey que le cinéaste “agresse“ dans ce film expérimental – sans doute le plus déroutant du programme – pour mieux révéler chacune de ses expressions, mais aussi pour sortir le spectateur de cette position voyeuriste confortable à laquelle il est habitué. Valérie Mréjen compose, quant à elle, dans Chamonix, une série de portraits : les visages de neuf protagonistes racontant des anecdotes véridiques se succèdent en plans fixes et frontaux, permettant ainsi de scruter le moindre mouvement, le moindre geste, le moindre signe exprimant le secret intérieur de chacun. The Crimson Permanent Assurance, enfin, travaille la déformation du visage ; on y assiste à la métamorphose de vieux employés d’une compagnie d’assurance en pirates intrépides et féroces. Terry Gilliam y célèbre, en 1983, avant Brazil et Las Vegas Parano, les pouvoirs de la métamorphose : grimages et grimaces, artifices du maquillage et du jeu de l’acteur, figurent le craquèlement des apparences. À chaque fois, donc, l’énigme du visage suscite le désir irrépressible de connaître, de comprendre, de toucher l’autre, chaque film redonnant sur un mode particulier une leçon plus générale que le cinéma, lieu privilégié d’un échange de regards, rend particulièrement sensible : on n’accède à l’identité qu’en éprouvant la différence.

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