National audience Apollonius de Tyane est un philosophe néopythagoricien du premier siècle de notre ère qui a joui d’une étonnante popularité dans les civilisations médiévales arabe et byzantine, notamment dans l’univers de la magie. Dans la Byzance médiévale, l’on pensait qu’il avait mis en place de puissants talismans magiques à travers les rues de la capitale, protégeant ainsi les citadins des animaux nuisibles. Les textes historiographiques et patriographiques font état de cette croyance pluriséculaire. De même, les Constantinopolitains connaissaient la légende selon laquelle il aurait inscrit sur les monuments de la ville, en caractères mystérieux, toutes les prophéties relatives à la destinée de l’Empire. Aussi les textes arabes médiévaux associent-ils étroitement Apollonius de Tyane (connu sous le nom de Balīnās) à d’antiques talismans, aussi bien dans l’ancien monde byzantin, que dans l’ancien monde persan, où il aurait officié pour le souverain sassanide Kavadh (Qubādh en arabe). Ces récits ont profondément marqué l’imaginaire islamique sur le passé antique des grandes villes du monde abbasside. À côté de ces anecdotes merveilleuses, Apollonius de Tyane est également connu dans la littérature arabe médiévale comme le disciple d’Hermès Trismégiste, l’auteur du célèbre Livre du secret de la création (Kitāb Sirr al-khalīqa) et une éminente autorité dans l’art talismanique. Il fut considéré à une époque comme un rival du Christ. Aussi bien la littérature que les croyances populaires entretenaient et diffusaient la geste d’Apollonius de Tyane à travers ses anecdotes et talismans supposés. Il nous a donc semblé intéressant d’effectuer une étude comparée de la figure d’Apollonius de Tyane dans les sources médiévales byzantines et arabes, et, dans un second temps, de mettre en avant la manière dont ces croyances se sont transmises et conservées.