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French

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10670/1.nquenz

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La France, c'était maintenant. Micro-généalogies contemporaines

Abstract

Dans "Taba-Taba" (2017) et "Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus" (2012), Patrick Deville et Ivan Jablonka recensent les traces d’un passé familial par d’incessants jeux de marelle entre histoire et Histoire. Ces récits renouvellent la réflexion sur la France, en la modalisant (par un kaléidoscope d’éclats temporels et de déplacements géographiques), en la décollant surtout de l’idéologie contemporaine ou des impensés du moment. En contrepoint de l’Histoire, l’écriture arase l’événementiel, greffe du récit en place des élagages collectifs, examine les blessures mémorielles. Le resserrement focal sur un arbre familial n’est donc pas la négation solipsiste d’une appartenance à un vivre ensemble français, mais une réflexion sur un devenir ensemble français. À ce titre, ces textes interrogent moins l’héritage singulier de l’écrivain que la possibilité d’un héritage partagé, renouvelant ainsi la réflexion sur la France.Je propose de nommer micro-généalogies ces entreprises littéraires qui croisent micro-storia et récit de soi : l’écrivain expérimente une historiographie littéraire sur un ascendant, à partir d’archives (notamment familiales), en jouant sur les échelles (temporelles, spatiales, sociales) ; le récit, non linéaire, permet l'analyse d'un parcours individuel configuré (et non déterminé) par des nœuds de relations.Les récits micro-généalogiques appellent une méthode post-disciplinaire, pour comprendre comment les virtualités fictionnelles transforment la matière narrative et historique, pour questionner les liens d’appartenance (par la médiation de la lignée familiale, elle-même hachée). Les archives familiales initient en effet une enquête micro-historique, qui invite à une éthique de l’adhésion critique, au gré des analogies et des anachronismes que met en branle le récit. Les jeux d’échelles et de points de vue favorisent ainsi l’écriture d’une contre-histoire de France, résistant au réconfortant « Il était une fois la France » pour l’indécision modale du « ce serait la France ».

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