Article
French
ID: <
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Abstract
`np pagenum="154"/bLes enseignements des médecines complémentaires et alternatives ont fait l’objet de très peu de recherche anthropologique à ce jour. Les formations de phytothérapie en France se rattachent à la fois au secteur institutionnel, à celui des médecines complémentaires et alternatives, ainsi qu’au secteur populaire. Il s’y enseigne les usages d’une pharmacopée hétérogène, basée sur des paradigmes différents dont le plus petit dénominateur commun est l’origine végétale de la matière médicale. Néanmoins, elles forment un continuum à travers la circulation des produits, des acteurs et des discours, générant des réseaux qui transgressent nombre de frontières institutionnelles habituelles. Une approche par l’anthropologie biographique du médicament combinée à une anthropologie des sciences centrée sur les actants (plantes, produits thérapeutiques en dérivant, acteurs des formations, discours et représentations) permet d’appréhender cet objet complexe. Elle met en évidence les spécificités d’une pharmacopée polysémique échappant en partie au législateur, à la source d’ambiguïtés de statut des produits et des thérapeutes et de reconfiguration des rôles professionnels. Elle permet aussi d’analyser la construction de la preuve en phytothérapie dans ces lieux d’apprentissage et de légitimation des pratiques. Celle-ci combine en diverses proportions, selon les secteurs, des références à la Science, la Nature et la Tradition. La phytothérapie tirerait le meilleur de chacune, réalisant le parangon de la médecine intégrative « moderne ». C’est ce dernier concept d’intégration, à travers la question de sa modernité, que ce travail interroge ultimement dans une tentative d’exercice de la pensée complexe.