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Thesis

French

ID: <

10670/1.ojysm7

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Les informations télévisées comme révélateur de la construction des mythes médiatiques dans la société contemporaine du Vietnam : exemple du Journal télévisé de 19 heures de la Télévision vietnamienne

Abstract

La politique vietnamienne de promotion de l’héritage culturel, mise en œuvre depuis le « Renouveau » (1986) conformément aux objectifs de valorisation et de sauvegarde des sites du Patrimoine mondial classés par l’UNESCO, a occasionné ces dernières décennies une floraison inouïe de fêtes rituelles, festivals folkloriques et cérémonies cultuelles témoignant d’un phénomène qui, sans être nouveau, demeure significatif dans le Vietnam contemporain : le retour aux sources et aux valeurs traditionnelles. Cette « retraditionalisation idéologique » (C. Geertz) vise à exalter le nationalisme culturel à l’aune du modèle de l’État-nation moderne dans l’optique de renouveler et renforcer la légitimité du Parti communiste vietnamien (PCV). Le projet nationaliste s’impose dès les premiers jours de la libération nationale et de la construction du nouvel État : la République démocratique du Vietnam (en 1945). Il puise sa force motrice dans les « mytho-moteurs » (J. Armstrong) de la tradition pérenne de la nation et révèle ainsi une continuité, et non une rupture, de la politique du PCV avec l’Histoire de longue durée. Or, loin d’être une continuité naturelle, ce retour aux sources relève bel et bien d’une stratégie symbolique du régime actuel, consistant à revaloriser l’héritage du passé ainsi qu’à retravailler et inventer la tradition (E. Hobsbawm). La présente étude s’efforce d’éprouver l’hypothèse selon laquelle, les informations du JT de 19 heures de la Télévision nationale sont le révélateur de la construction de mythes essentialistes qui, au-delà des images mentales et typifiées, constituent une force conductrice, une forme sensible et un processus d’appartenance communautaire. Le recours à une anthropologie des médias comme cadre explicatif et conceptuel est incontournable dans la mesure où les médias ˗ un faiseur de mythe de l’ère moderne ˗ sont inséparables de la culture et de l’histoire nationale. À l’instar de L. Quéré, nous considérons l’espace médiatique comme un « tiers symbolisant » ou un espace référentiel plutôt qu’un espace de représentations. Cette approche permet d’examiner, dans une perspective phénoménologique et pragmatique, l’apparition, la publicisation et la transformation des mythes en problèmes publics et actions collectives. Nous avons construit trois modèles heuristiques afin d’examiner les aspects performatifs et générateurs de sens de la production télévisuelle des mythes : l’espace public de communion (analyse discursive) ; le mode mythificalisant (analyse sémio-pragmatique du dispositif télévisé) et le récit identificatoire (analyse narratologique de la temporalisation du récit mythique). La narrativité de la propagande communiste qui reste prégnante dans le journal, opère quant à elle un glissement progressif du discours propagandiste vers l’univers du mythe national : elle se situe au niveau du métalangage barthésien, sans être pour autant dénuée de pragmatisme. Loin de l’approche instrumentale de la manipulation, nous adhérons à l’approche culturaliste de l’ethno-nationalisme, en avançant que le recours aux idées ethno-nationalistes relèverait de facto d’une croyance effective du manipulateur en tant que membre de la communauté ethnique : le ressort culturel mobilisé pour manipuler autrui s’incorpore à son propre système de croyance. Cependant, puisque son « programme de vérité » correspond à des « régimes de croyance » (P. Veyne) différents, le mythe possède autant de force de structuration que de déstructuration et, par conséquent, rend fragile et incertain l’avenir de toute idéologie nationaliste.

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