Consumers rely on different channels to supply with agricultural products such as traditional purchase at food stores, contract with local farmers or household production. The primary purpose of this paper is to explain this variety by using the theoretical framework of transaction cost economics à la Williamson-Barzel. We emphasize the role of ‘difficultness of measurement’ in selecting a supply mode and draw several testable implications and policy considerations. An empirical test is conducted to determine whether the measurement difficulty explains the commitment of households in long term contracts with farmers.

L’approvisionnement en denrées agricoles des ménages a considérablement évolué, depuis l’autoproduction jusqu’au développement de filières agro-alimentaires globalisées. Cette globalisation s’est traduite par des échanges dépersonnalisées, où l’identité du producteur compte peu au profit de produits standardisés garantis par un ensemble de dispositifs institutionnels relevant à la fois de l’ordre public et de l’ordre privé. A l’autre extrême et en faisant abstraction des situations de production par les ménages (assimilables à une forme d’intégration), intéressons nous brièvement aux filières courtes. Bien que cela puisse paraître anecdotique (Le Monde, 14-02-2006), le développement récent de filières courtes, comme la production agricole de proximité par contractualisation avec des agriculteurs constitue un élément pertinent de réflexion sur la panoplie des stratégies mises en place par certains agents pour diminuer les coûts de transaction associés à la fourniture d’attributs difficilement mesurables. Ainsi, ces contrats entre agriculteurs et consommateurs localisés à proximité redéfinissent les rapports au sein des filières agro-alimentaires (DeMuth, 1993 ; Farsworth et al., 1996 ; Cooley et Lass, 1996 ; Dubuisson-Quellier et Lamine, 2004). En effet, l’agriculteur cède aux consommateurs le droit de définir les productions et les méthodes de production (incluant de nombreuses dimensions caractérisées par une difficulté de mesure accrue, comme la fraîcheur, l’authenticité, la typicité, le respect de l’environnement lors de la production, mais aussi en diminuant les impacts liés au transport, la rémunération équitable du producteur, etc.) en échange d’un engagement à acheter ses produits pour une durée relativement longue à un prix quasi indépendant des prix pratiqués par les filières plus traditionnelles et des risques liés aux aléas naturels. De plus, les méthodes de production choisies s’apparentent très souvent à celles de l’agriculture biologique, mais les consommateurs ne requièrent pas une certification formelle au nom du ‘contrat de confiance’ les liant au producteur. Notre objectif est d’analyser ces nouvelles modalités d’organisation des filières agro-alimentaires en mobilisant les deux branches complémentaires (plutôt que concurrentes) de l’économie des coûts de transaction (Williamson, 2005 ; Barzel, 2005). En d’autres termes, nous postulons que les transactions qui diffèrent par leur difficulté de mesure, sont alignées à des structures de gouvernance –marché spot, formes hybrides, intégration – qui diffèrent par leurs coûts afin d’atteindre un résultat qui minimise les coûts de transaction. Ces nouvelles formes d’organisation contractuelle participent à la redéfinition et à une répartition innovante de certains droits de propriété. En effet, la combinaison de ces deux branches de l’économie néo-institutionnelle permet d’expliquer la diversité des Ainsi, les consommateurs s’engagent à acheter à un prix convenu à l’avance sensé garantir une juste rémunération et indépendant des variations quantitatives ou qualitatives liées aux aléas naturels du producteur des denrées, dont le choix et les méthodes de production auront été faits en commun. Pour sa part, l’agriculteur s’engage dans une relation personnalisée, à fournir régulièrement des denrées produites dans le respect des méthodes définies conjointement. Ces nouvelles formes d’agriculture de proximité peuvent constituer des vecteurs de développement durable, notamment au travers des deux dimensions que nous envisageons d’étudier : le maintien d’une activité agricole rentable grâce à une répartition plus équitable des risques et de la valeur créée et la préservation de l’environnement. Par exemple, les denrées agro-alimentaires, y compris celles issues d’exploitations biologiques et consommées dans les villes ont souvent effectué un ‘long voyage’, coûteux en qualité (e.g., perte de fraîcheur, de certaines propriétés nutritives), mais aussi en impacts environnementaux (e.g., émission de gaz à effet de serre) susceptibles de surcompenser les gains environnementaux liés au mode de production biologique (Pirog et Shue, 2000). En d’autres termes, le citadin consommateur pourrait par sa politique d’achat contribuer à la préservation de son environnement local. La communication vise notamment à présenter les résultats d’une étude plus vaste portant, entre autres sur les questions suivantes : Quels sont les avantages et inconvénients de cette agriculture de proximité pour les différentes catégories d’acteurs ? Quels sont les déterminants de l’adhésion des consommateurs citadins à ce type d’agriculture ? Ce mode d’organisation peut-il constituer une ‘voie rentable’ de maintien d’une agriculture périurbaine, productrice de denrées et d’aménités consommées localement ?

L’agriculture locale sous contrat direct : une opportunité de développement durable pour les territoires périurbains ?

Local agriculture under direct contract: an opportunity for sustainable development for peri-urban areas?

Abstract