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10670/1.pdydnl

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Pour une posture constitutiviste en géographie (Volume 1)

Abstract

Ce travail d’Habilitation à Diriger des Recherches traite des relations qu’entretiennent les habitants avec le monde. Un monde non pas fait de certitudes, de faits, de vérités, d’objectivités, de micro ou macrostructures qui peu ou prou détermineraient leurs manières de faire, de penser, de se socialiser avec, dans, ou sur l’espace. Plutôt un monde que ces habitants constituent entre autres à travers l’espace, c’est-à-dire à travers un ensemble d’éléments référentiels qui renvoient au domaine ou au champ spatial. Ces éléments référentiels ne sont pas donnés, c’est-à-dire qu’ils sont conçus ici comme des construits inventés ou perpétuellement remaniés tant dans leur réalité que dans leur fonction. Insister sur l’idée que ces éléments référentiels ne sont pas donnés, ce n’est pas dire que l’habitant ne parcourt pas des environnements sociaux et naturels qui ne seraient pas réels au sens d’une objectivation habituelle réalisée en surplomb. Mais face à ce prétendu réel qui l’entourerait, l’habitant configure cet environnement en contexte, en situation, en monde, c’est-à-dire qu’il partitionne, vise, éclaire, cache, ignore certains éléments plutôt que d’autres. À l’inverse, il peut ajouter la présence d’éléments à travers leur absence, et plus globalement inventer, imaginer alors des éléments qui ne sont pas présents apparemment dans cet environnement immédiat. De ce fait, l’objet espéré devient matérialisation d’une chose. L’habitant dispose donc ces éléments présents/absents, visibles/invisibles selon des mises en mesure, notamment de la distance, mais aussi des valeurs, qui lui sont associées ou qu’il lui associe. Ces mises en mesure lui sont propres même si elles ont été plus ou moins acquises selon des échelles intégrées depuis le plus jeune âge sans qu’il ne se pose d’ailleurs la question de leur pertinence. Ce travail invisible de maîtrise de l’espace et de maîtrise des distances qui accapare son existence quotidienne, qu’il opère parfois sans s’en apercevoir, constitue alors pleinement le monde au sein duquel il agit réellement pour donner sens à ce qu’il est. Ce sens est justifié par un ensemble d’interprétations que l’habitant pose comme légitime de là où il se trouve, de là où il se place. Ce placement conjugue alors un point de vue (d’où je regarde la situation) et un point visé (là où je suis projeté dans l’espoir de m’y placer). Ce point de vue et ce point visé sont à penser tant au niveau de leur métaphore spatiale qu’idéologique, c’est-à-dire à l’aune d’une place que l’habitant se donne au sein du Monde à travers la place qu’il croit que les autres habitants lui donnent en situation.Le travail proposé est en quelque sorte une compréhension du risque que se donnent les habitants à être au monde. Dans cette posture, il n’y a ni aléa ni vulnérabilité en soi, il n’y a que des potentialités, des ressources qui sont plus ou moins activées, actualisées, mises en lumière selon les situations, selon le monde que se configure l’habitant à un moment donné de son existence au sein d’un univers à la fois contingent (car il peut être ou ne pas être) et prévisible (car anticipé). La réflexion menée ici insuffle l’idée que l’existence est une mise en jeu maîtrisée de soi à travers l’utilisation et le sens que l’habitant donne à l’espace pour construire sa place au sein de la société, ou pour le moins, au sein de collectifs sociaux auxquels il se réfère et croit appartenir. Cet univers de possibles interpelle alors le concept d’habiter sur lequel se fonde la démarche proposée. En effet, face à ce possible, face à cette prise de risque qu’il faut pouvoir accepter dans l’inhérence et la contingence de la vie, l’habiter est la possibilité que l’être humain se donne de ménager un espace, son monde, au sein duquel il va se mettre en sûreté. Habiter, c’est en effet tenter de mettre le monde sous son contrôle et à sa mesure pour mieux le maîtriser tant d’un point de vue pratique (niveau de l’action) que d’un point de vue pragmatique (niveau de la pensée). C’est croire surtout à travers cette habitation, à l’illusion que ces mises au monde sont constitutives de la réalité que l’habitant met ainsi sous son contrôle et à sa mesure. Cette constitution située, temporaire, mobile, donc labile doit permettre à chaque participant de se sentir propriétaire d’une forme de liberté dans les transactions de mise en sens, de mise en réalité de ce monde partagé. Constitution temporaire car sa mise en situation est à la fois un toujours déjà là et un en train de se faire. Mobile parce que la configuration spatiale (pourrait-on dire territoriale) évolue avec le changement des emplacements et des trajectoires des habitants qui participent à la situation. Labile parce que chaque participant modifie en permanence le sens qu’il se donne et donne aux autres à travers le sens qu’il se donne et donne aux choses qui l’entourent. L’habitant détermine en cela le changement même des propriétés de la situation qu’il configure autour de lui et le drame se joue dans la difficulté de trouver un arrangement dans ce qui est vu et compris par tous. L’importance tient alors aussi dans l’idée que certains acteurs sont en coulisses, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas toujours visibles dans un contexte exhaustivement apparent selon une forme de continuité spatiale pourtant territorialement instituée par la situation même. En effet, de plus en plus de situations naissent de la cospatialité des participants plus que de leur coprésence. Les participants ne sont donc pas au voisinage ou auprès du contexte sur lequel la réflexion semble porter. Par exemple, des touristes ou d’anciens résidents peuvent être plus préoccupés par un espace que ceux qui le vivent apparemment au quotidien. Dès lors, la prise en compte des sens partagés doit naître également des acteurs que l’on ne voit apparemment pas toujours, soit qu’ils se cachent volontairement soit tout simplement qu’ils ne participent de la situation que sur des temps courts et temporaires, soit qu’ils participent à travers leur imagination.

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