Thesis
French
ID: <
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Abstract
Entre 1840 et 1914, de nombreux littérateurs germanophiles s’emploient à intensifier une entreprise commencée dans les décennies précédentes, à savoir le transfert de la poésie lyrique germanique en France. Le corpus importé, désigné sous le nom générique de lied de part et d’autre du Rhin, consiste principalement dans les productions poétiques qui s’étendent de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle. L’intérêt que fait naître ce genre est d’autant plus grand qu’au-delà de la littérature, il entre en résonance avec des questionnements métaphysiques et sémiotiques qui traversent l’espace d’accueil à la même époque. Cette articulation entre différents domaines invite à une appréhension transdisciplinaire, dans la lignée des études de transferts culturels. Mais une telle approche se combine avec une autre, archéologique, selon le terme de Michel Foucault, dans la mesure où les rapports entre les domaines impliqués s’enracinent toujours dans une épistémè commune. De fait, quelle que soit leur nature (discours critiques, traductions ou poèmes francophones inspirés de la poésie d’outre-Rhin) et leur contenu (relatif à la littérature, à la métaphysique ou à la sémiotique), les textes des intercesseurs et des écrivains s’appuient sur des configurations intellectuelles identiques. L’examen des relations tissées entre le lied et certains aspects de l’espace endogène permet de mettre en lumière un autre phénomène. À une époque où un nombre croissant de critiques et d’auteurs cherche des voies nouvelles pour s’affranchir des traditions toujours en vigueur, l’objet étranger apparaît souvent comme la réalisation possible des aspirations modernes. Plus qu’un simple écho, il devient dès lors un vecteur décisif de l’évolution poétique au sein de la culture d’arrivée.