Conference
French
ID: <
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Abstract
National audience Le « Groupe des Trente » est le nom pris par un mouvement collectif de cinéastes qui se forme en réaction à une réforme de la diffusion des films de court-métrage que le Centre National de la Cinématographie adopte en 1953. Le groupe se structure en association en 1954, puis s’éteindra dans le courant des années soixante-dix non sans avoir milité en faveur d’une meilleure prise en considération du court métrage. Son action, encore largement méconnue, a notamment permis d’imposer le court-métrage comme un cinéma « de l’écart » dans la production française des années cinquante, mais aussi, et paradoxalement, de légitimer l’intervention publique en sa faveur. Le mouvement est doublement intéressant. D’une part car il regroupe une trentaine de cinéastes qui se démarquent collectivement de la norme esthétique en vigueur, le fameux cinéma de la « qualité », en proposant d’autre critères de qualité qu’une « prime » versée directement par l’Etat sur un compte d’un Fonds de soutien temporaire viendra légaliser. D’autre part car, bien que cette organisation de défense du court métrage ne soit pas une « école esthétique », on y trouve une pensée commune concernant les cinématographies de la norme et celles de la marge (ou de l’écart), une unité d’action dans l’engagement politique, ainsi qu’une revendication identitaire autour d’un format particulier de film. Cette communication revient sur la nature des débats alors en jeu autour de la "qualité cinématographique" en posant la question, d'une part, de la place des écarts et innovations créatives de rupture dans la construction du référentiel qualitatif de l'action culturelle publique, et, d'autre part, du rôle des mouvements contestataires et des corporatismes dans la diffusion d'une information qualitative à destination des professionnels et des publics.