Cet article est issu de la recherche comparative France-Japon en coopération entre LEST et JIL (Japan Institute of Labor-Tokyo). Au-delà de sa dynamique industrielle, le secteur machine-outil japonais se caractérise par une certaineoriginalité dans son approche par rapport à la pénétration de la technologie micro-électronique. Bienqu'associé d'abord au phénomène technologique de fusion entre la mécanique et l'électronique commele symbolise la MOCN, le concept de mécatronique, né au Japon, dépasse largement sa seuledimension technologique. Il vient précisément désigner l'émergence, au sein du secteur dominé jusque- là par la culture mécanique, d'une nouvelle identité technique, sectorielle et professionnelle. Il est indéniable que ce concept a joué — et continue à jouer— le rôle mobilisateur essentiel, pour organiser, à différents niveaux, l'apprentissage de la compétence mécatronique, sous-jacent à la construction d'une nouvelle identité.En optant pour une approche sociétale, cet article propose de décrire la forme — spécifique au Japon— de dynamique de l'apprentissage lié à la mécatronisation du secteur machine-outil. Notre démarche consiste simultanément à identifier les acteurs et leurs modes d'action, et à caractériser les espaces dans lesquels ils agissent. En particulier, nous distinguons deux espaces d'apprentissage, l'un renvoie à ce que l'on peut appeler l'espace industriel (où les entre prises structurent leurs relations à travers leurs actions de compétition et de coopération) et l'autre à l'espace de qualification dans lequel salariés développent leur rapport à la construction de la qualification.Notre hypothèse de travail est que la structuration préalable de ces acteurs et espaces médiatise fortement les effets technologiques — de façon spécifique à chaque société — , et conditionne le processus d'apprentissage et, par là, le contenu même de la nouvelle professionnalité.