Cette thèse doctorale explore le concept de tendance antisociale et les potentiels de transformation qu’elle contient à l’adolescence à partir d’une pratique clinique au long cours de la psychothérapie individuelle en Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique. La problématique centrale de cette recherche s’est constituée autour de trois axes. Tout d’abord, nous avons interrogé les apports théoriques et les manifestations cliniques de la tendance antisociale. Dans un second temps nous explorons l’idée winnicottienne que la tendance antisociale constituerait une tentative d’auto-guérison, que ces manifestations contiendraient un potentiel, un espoir, une tentative de changement psychique pour le sujet. Enfin, nous proposons d’interroger les modalités d’accompagnement psychothérapique afin de favoriser ce potentiel et le transformer en capacité transformationnelle pour le sujet en nous appuyant sur le concept d’agentivité psychique.Ce travail nous a conduit à soutenir l’idée que les modalités de relations d’objets peuvent s’articuler selon trois axes : prosocial, asocial et antisocial. Ces trois axes peuvent être considérés comme des paradigmes pour penser la relation du sujet adolescent à son environnement, permettant d’inscrire la tendance antisociale comme un pan constitutif du fonctionnement psychique même. La tendance antisociale peut alors s’envisager non plus comme une manifestation pathologique, mais comme une construction subjective visant à répondre à des problématiques sociales et intrapsychiques dont l’un des objectifs serait de faciliter le déploiement de l’agentivité subjective, afin de remobiliser, pour l’adolescent, un ressaisissement et une réappropriation de son monde interne.La seconde partie de la thèse, portée sur les modalités praticiennes de la psychothérapie, soutient l’idée d’une analyse transitionnelle, nécessaire pour favoriser le déploiement de l’agentivité psychique. Ce travail suppose une réassignation de cette agentivité, initialement portée sur l’environnement de l’adolescent. Les conceptions du champ analytique, de la co-rêverie et de la narrativité, permettent au clinicien de mobiliser un travail de différenciation sujet-environnement, visant à favoriser, chez l’adolescent, une réassignation de son agentivité psychique vers des enjeux intrapsychiques.